HISTOIRE DE MOUCHE : LA HARE’S EAR

Variante de la Hare’s ear – Queue en faisan à collier, corps et thorax en mélange de dubbings synthétiques et naturels, côtes en cuivre et tête noire.

De toutes les nymphes qui se retrouvent dans les boîtes de pêcheurs de truites contemporains, la plus répandue est probablement la Hare’s ear. Déjà en 1986, Randall Kaufmann écrivait dans son Fly Tyer’s Nymph Manual que  » la Hare’s ear est la nymphe la plus populaire du monde de la pêche à la mouche. Elle peut être pêchée n’importe où, n’importe quand, avec n’importe quelle technique et le pêcheur aura quand même une chance raisonnable de capturer des truites. »

Variante de la Gold Ribbed Hare’s Ear – Queue en faisan doré, corps et thorax en mélange de dubbings synthétiques et naturels, côtes en tinsel oval or et tête noire.

Bien que son histoire exacte demeure incertaine, on sait que la Hare’s Ear provient vraisemblablement d’une adaptation de la mouche sèche du même nom. On croit aussi que son origine pourrait remonter aussi tôt qu’au milieu du 17e siècle alors qu’Izaak Walton décrivait dans The Compleat Angler (première édition 1653) une série de mouches sèches dont le corps était fabriqué de poils de lièvres. Ces mouches, décrites à l’auteur par Charles Cotton, se retrouvent dans les appendices du livre. Celle qui nous intéresse ici se nomme la Light Grey (p.505) et pourrait être à l’origine de la bien connue Hare’s Ear. Il s’agit d’une mouche relativement simple, dont le corps est composé de « dubbing » de lièvre surmonté d’ailes en plumes grises de mallard.

Recettes des mouches de Charles Cotton dans The Compleat Angler de Izaak Walton – édition de 1815.

Bien que le nom de patron Hare’s Ear ait été utilisé dès 1826 par J. Coad, est généralement accepté que le patron que l’on connaît aujourd’hui a été popularisé par Frederic M. Halford dans les années 1880. Dans son populaire ouvrage Floating Flies and How to Dress Them, l’auteur décrit deux mouches composées de fourrure de lièvre : La Hare’s Ear et la Gold Ribbed Hare’s Ear. La première semble disparue dans le temps et les patrons modernes s’inspirent plutôt de la Gold Ribbed Hare’s Ear de l’époque. Ces mouches, à la différence des mouches actuelles, présentaient des ailes en étourneau qui ont été remplacées aujourd’hui par des matériaux plus accessibles comme des plumes d’ailes de canard.

Dès 1886, Mary Orvis Marburry distingue deux variantes noyées du patron dans Trout Flies and Their Histories. La première est la Hare’s ear qui se compose d’une queue de quelques poils de garde de lièvre, d’un corps en dubbing de lièvre et d’ailes en plume grise de mallard. Ce patron est en tout point semblable à la Light Grey décrite par Walton dans les années 1650.

Trout Flies from Favorite Flies and Their Histories by Mary Orvis Marbury. Digitally enhanced from our own original 1892 Edition.

La seconde est la Gold Ribbed Hare’s Ear. Elle est pratiquement identique à la première sauf pour les côtes dorées et les ailes qui semblent, sur les illustrations du livre, beaucoup plus pâles que celles du premier patron. Mary Orvis Marburry cite d’ailleurs Halford comme référence pour ce patron.

Bien que la mouche ait une histoire riche dans ses versions sèches et noyées, il semblerait que la nymphe Hare’s Ear soit plutôt apparue un peu avant les années 1960 alors que la popularité de la pêche à la nymphe est grandissante. Le célèbre monteur d’Oregon, Polly Rosborough, aurait alors popularisé le patron en la publiant dans son livre Tying and Fishing the Fuzzy Nymph en 1965. Sa version, bien différente de celle que l’on connaît aujourd’hui, est représentée ci-dessous.

Nymphes de Polly Rosborough datant de 1980 – La hare’s ear est la 5e à partir du bas – Source : Spinoza Rod Company.
Nymphes de Polly Rosborough vendues par Orvis. La Hare’s ear se trouve en bas en gauche – Source : WorthPoint antiques, art and vintage collectibles.
Hare’s ear de Polly Rosborough – Source : Jim Adams, ADAMS ANGLING, 1170 KEELER AVE, Berkeley, CA 94708.

Aujourd’hui, la réputation de la Hare’s Ear n’est plus à faire. Elle est utilisée pour imiter une multitude de larves d’insectes et peut être pêchée lestée ou non. Nous avons choisi de vous présenter la parure de la mouche telle que connue aujourd’hui et qui aurait été publiée en 1972 par Joe Brooks dans son ouvrage Trout Fishing.

Hare’s ear montée par Francis Valiquette

Parure de la Hare’s ear moderne

Hameçon noyée/nymphe

Fil brun

Queue poils de masque de lièvre

Abdomen « dubbing » de masque de lièvre

Côtes fil métallique doré

Thorax « dubbing » de masque de lièvre

Sac alaire barbes d’une plume d’aile de dinde

Tête brune

Guillaume Morin

Mouche Café

RÉFÉRENCES

HALFORD, Frederic M. Floating Flies and How to Dress Them – A Treatise on the Most Modern Methods of Dressing Artificial Flies for Trout and Grayling with Full Illustrated Directions and Containing Ninety Hand-Coloured Engravings of the Most Killing Patterns Together with a Few Hints to Dry-Fly Fishermen. Sampson Low. 1886.

ORVIS MARBURRY, Mary. Favorite flies and their histories. Houghton Mifflin. 1892.

ROSENBAUER, Tom. The Orvis Fly-Tying Guide. Lyons Press. 2019.

WALTON, Izaak. The Compleat Angler. Richard Marriot. 1653

http://www.flyanglersonline.com/

https://flyfishingthesierra.com/

http://www.rockyrivertu.org/

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